2015 + Sculpture en taille directe
C’est en fabriquant ma première marionnette que j’ai été percuté par le bois.
Une matière, une odeur. Sensation de se connaître.
De 2015 à 2019, parallèlement à mon métier de marionnettiste je m’engage dans la pratique de la sculpture en taille directe aux Ateliers des Beaux-Arts de Paris sous la direction de Sylvie Lejeune.
En quête, j’explore la notion d’identités plurielles par l’hybridation et la mutation du corps. La sculpture comme pour convoquer un autre moyen de me connecter à ce qui me dépasse. Par la forme, le rythme, le touché.
La taille directe consiste à sculpter sans maquette préétablie. Il s’agit d’enlever des strates du bois à l’aide d’un outil qu’on appelle une gouge. Rythmé, structurel et intemporel, ce geste manuel demande temps, rigueur et concentration. Il n’y a pas de retour en arrière possible. De ce geste ancestral pourrait-il jaillir une mémoire profonde, universelle ?
Je taille sec. Brut. Sans artifices. Je taille comme je perçoit le monde. En quête de mémoires. Celle du bois et la mienne, la notre.
Au sujet de la présence.
Je dois me rendre à l‘évidence. Je ne peux pas connaitre ce que je cherche. La grande illusion dans laquelle je me trouve en ce moment et de croire que je cherche quelque chose qui a déjà une forme.
Si je questionne la présence, c’est bien parce qu’elle n’est pas palpable et qu’elle n’a pas de forme prédéfinie, alors qu’elle se trouve dans tout être vivant.
Il me donc la capter. La sentir. Ouvrir les réceptacles pour la comprendre. Prendre avec.
La vivre et non vouloir obstinément la voir !
Il me faut passer par une relation de corps. Etablir un lien. Être là en présence avec le bois.
Saisir le mouvement. La dynamique. La mouvance.
Saisir le fluctuant, le changeant.
Car c’est bien de cela dont il est question dans cet état de présence.
C’est la faculté même d’être le mouvement, être le changement.
Accepter le mystère, accepter d’ignorer ce qu’il était, ce qu’il est, ce qu’il sera.